Présentation du programme LEA

Au cours des 40 dernières années, des progrès thérapeutiques réguliers ont transformé le pronostic des enfants et adolescents atteints de cancer, tout particulièrement dans les hémopathies malignes (plus de 80% de guérisons contre 40% dans les années 1970). Cependant la maladie elle-même, l’intensité des thérapeutiques, les difficultés du parcours, exposent à des effets secondaires tardifs qui peuvent retentir sur l’état de santé, la qualité de vie et l’insertion sociale des individus, longtemps après la fin des traitements.

Pour améliorer les connaissances sur la vie après-cancer pédiatrique et aider à développer des stratégies de dépistage et de prise en charge précoces toujours plus adaptées, il est nécessaire de mieux comprendre l’incidence et les différents facteurs de risque de ces effets secondaires tardifs.

Ainsi, l’objectif du programme LEA « Leucémies et autres hémopathies malignes de l’Enfant et de l’Adolescent » est de décrire et comprendre, au travers d’un suivi prolongé, le devenir à moyen et long terme de patients traités pour une hémopathie maligne au cours de leur enfance, en prenant en compte différents aspects de leur état de santé (santé physique, qualité de vie de l’individu et de son entourage, insertion sociale et relations au système de soins).

Organisation du programme LEA

Le programme initié en 2004 repose sur la constitution d’une cohorte multicentrique ouverte, à la fois historique et prospective.

Il est proposé dans les centres participant au programme LEA à tous les patients traités pour une hémopathie maligne de l’enfance, selon les critères d’inclusion suivants :

  • âge inférieur à 18 ans au moment du diagnostic;
  • diagnostic de leucémie aiguë, lymphome de Hodgkin, lymphome lymphoblastique, ou d’une autre hémopathie maligne traitée par greffe de cellules souches hématopoïétiques,
  • diagnostic à partir du 1er janvier 1980;
  • traitement de l’hémopathie maligne (chimiothérapie ou greffe) effectué dans l’un des centres de cancérologie pédiatrique participant au programme LEA Équipes impliquées – Lea (plateforme-lea.fr);
  • résidant en France;
  • affilié ou bénéficiaire d’un régime de Sécurité Sociale.

Pour chaque patient, la date d’entrée dans la cohorte correspond à la date de diagnostic de l’hémopathie maligne.

Des informations cliniques et paracliniques permettant le dépistage de séquelles sont recueillies au cours de consultations médicales de suivi spécifiquement dédiées, auxquelles sont régulièrement invités les patients. Parallèlement,  des auto-questionnaires sont également proposés au patient et/ou ses parents (selon son âge) afin de documenter des données socio-démographiques et de qualité de vie.

Les évaluations de suivi commencent globalement à un délai d’un an après la fin de la phase initiale de traitement pour les patients n’ayant pas rechuté.

Elles sont répétées tous les deux ou quatre ans selon l’âge du patient, le recul par rapport au diagnostic et le profil de risque de séquelles (type d’hémopathie maligne, de traitements reçus…).

Informations recueillies par la cohorte LEA

Les données sont recueillies au cours de consultations médicales spécifiquement dédiées (avec prescription d’examens complémentaires si nécessaire) et sur des auto-questionnaires. Elles peuvent être regroupées en quatre points :

  • informations sur la maladie initiale et ses traitements : type d’hémopathie maligne, âge au diagnostic, histoire thérapeutique détaillée, rechutes éventuelles… Ces informations permettent de définir pour chaque patient le risque de complications tardives et d’orienter ainsi les examens paracliniques nécessaires pour dépister ces potentielles complications ;
  • examen clinique et séquelles organiques éventuelles explorant 14 modules fonctionnels : croissance staturale, croissance pondérale, puberté, fertilité, thyroïde, fonction cardiaque, fonction visuelle, tumeurs secondaires, contaminations virales, fonction pulmonaire, métabolisme osseux, métabolisme du fer, syndrome métabolique, autres séquelles (diabète, ostéonécrose, insuffisance rénale chronique, alopécie, perte d’audition…) ;
  • données sur la scolarité, sur l’insertion professionnelle, sur la qualité de vie des sujets et celle de leurs parents (lorsque le sujet est toujours mineur) ;
  • données sur les relations du patient avec le système de soins (accès aux soins et satisfaction).
Déscriptif leucémie aigue et traitement
Déscriptif leucémie aigue et traitement

Collection et conservation d’échantillons biologiques

L’amélioration des connaissances sur la susceptibilité génétique aux effets secondaires tardifs des traitements est une approche prometteuse, à la fois pour développer une prévention ciblée et améliorer la qualité de vie des individus.

Depuis fin 2018, une collection biologique associée à la cohorte LEA est en cours de constitution (projet CRYOLEA, mené en collaboration avec le dispositif CRYOSTEM), avec l’ambition de disposer d’une collection biologique issue d’au moins 2000 patients.

L’objectif principal est l’identification de facteurs génétiques associés à la survenue de 4 effets secondaires identifiés dans LEA comme particulièrement graves, car mettant en jeu la vie du sujet ou susceptibles d’altérer fortement sa qualité de vie : le syndrome métabolique, la cardiomyopathie aux anthracyclines, les seconds cancers et l’ostéonécrose symptomatique.

Un prélèvement sanguin est proposé à chaque patient lors de la consultation LEA. Ce prélèvement est envoyé au centre de ressources biologiques affilié à CRYOSTEM, dont dépend le service clinique recevant le patient. Pour certains patients traités par allogreffe de cellules souches hématopoïétiques, dont les cellules sanguines périphériques proviennent du greffon et sont donc de type donneur, une biopsie de peau est proposée pour culture et congélation des fibroblastes. Cette biopsie est transmise au service du Pr SOULIER à Paris-hôpital St LOUIS qui assure l’isolement des fibroblastes, leur culture, congélation et stockage.

 

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